Les parents se livrent souvent à des rituels pour aider leur enfant à se sentir moins angoissé. Malheureusement, en ce faisant, les parents peuvent renforcer involontairement les symptômes du trouble obsessionnel compulsif (TOC) de la façon suivante:
- en suivant une routine spécifique que réclame leur enfant,
- en modifier leur comportement pour accommoder le rituel de l’enfant,
- en offrant des assurances excessives.
Si la psychothérapie et les médicaments jouent un rôle important dans le traitement du TOC, votre comportement au quotidien à la maison est extrêmement important dans l’appui à donner à votre enfant alors qu’il fait face à son TOC, qu'il finira par maîtriser.
Comment gérer les TOC de votre enfant à la maison
Fixer des limites
Même s’il est difficile de voir votre enfant avoir de la peine, il sera encore plus difficile pour lui de vaincre son TOC si vous ne définissez pas de limites. Par exemple, si votre enfant vous dit que vous ne pouvez pas entrer dans sa chambre, à moins de changer de vêtements, la bonne réponse à lui faire est : « je sais que c’est difficile pour toi, mais c’est l’expression de ton TOC. Je ne vais pas changer mes vêtements avant d’entrer dans ta chambre.»
Votre enfant va probablement faire une crise ou se mettre en colère quand vous commencez à systématiquement lui fixer des limites, mais il finira par s’habituer à cette constance. Au fil du temps, la mise en place de limites va aider votre enfant à se sentir moins anxieux.
Être ferme
Vous devez expliquer clairement à votre enfant que vous n’allez pas laisser son TOC régir la maison et vous devez donner suite à ce que vous lui dîtes. Rappelez à votre enfant qu’il ne s’agit pas de le blesser ou de le punir, mais de ne pas permettre au TOC de contrôler sa vie ou celle de la famille.
Être ferme signifie que vous donnez suite à ce que vous communiquez à votre enfant. Par exemple, si vous lui dites que l’eau sera coupée après 10 minutes, vous le faites lorsque le moment est venu. Il est très important d’être clair et de faire exactement ce qui a été annoncé.
Assurez-vous que les autres soignants de votre enfant suivent la même approche
Il est très important pour un enfant souffrant de TOC de recevoir des messages uniformes de toutes les personnes qui s’occupent de lui, tant au sein de la famille qu’en dehors de celle-ci. L’incohérence peut rendre un enfant souffrant de TOC encore plus anxieux, confus et inquiet.
Il est conseillé de convenir à l’avance avec les autres personnes s’occupant de votre enfant de la façon de répondre aux situations de TOC. Par exemple, si votre but est de réduire les comportements répétitifs d’un enfant, vous pouvez décider de permettre à l’enfant de refaire quelque chose trois fois. Tous les soignants doivent suivre cette décision et convenir des conséquences pour votre enfant s’il n’obéit pas à la règle. Si une des personnes est plus clémente que d’autres, cela sera une source de confusion pour l’enfant et l’amènera à se méfier du processus. Une telle incohérence peut alors entraîner un échec du traitement et alimenter le TOC plutôt que de le réduire.
Ne pas accommoder ou faciliter le TOC
Accommoder le TOC signifie que vous participez au rituel de votre enfant ou que vous changez votre comportement pour permettre au TOC de se produire. Avec une telle accommodation, la principale motivation est de ne pas perturber votre enfant plutôt que de respecter un rituel que vous pensez nécessaire.
L’accommodation peut inclure:
- changer vos vêtements parce que votre enfant vous dit qu’il sera contrarié si vous ne le faites pas,
- donner à votre enfant 10 baisers au lieu d’un seul,
- lui permettre de prendre ses propres couverts dans le tiroir,
- laver de nouveau et exclusivement les plats utilisés par l’enfant et les sécher avec un torchon différent,
- essuyer la chaise avant que votre enfant ne s’assoie,
- permettre à votre enfant d’utiliser un savon différent ou empêcher d’autres membres de la famille d’utiliser la salle de bains de manière à ce que l’enfant affecté soit la seule personne à l’utiliser,
- offrir des assurances excessives,
- changer vos plans à cause du TOC de votre enfant.
Lorsque vous accommodez des symptômes isolés du TOC, vous facilitez la survenance du trouble. Cette approche a pour effet de renforcer ou de prolonger le trouble plutôt que de contribuer à le réduire. Lorsque vous facilitez une obsession, par exemple, vous contribuez essentiellement à renforcer une pensée irrationnelle et à lui donner de la valeur plutôt que de la repousser et de la discréditer.
En accommodant et en facilitant l’expression du TOC, vous envoyez un message à votre enfant que son comportement est acceptable. Ce n’est qu’en refusant d’accommoder les symptômes du TOC que vous donnez à votre enfant un incitatif pour essayer de le combattre.
Offrir des compliments et des récompenses pour les efforts de votre enfant dans sa lutte contre ses TOC
La lutte contre le TOC est difficile, en particulier lorsqu’il est plus grave. Votre enfant a besoin d’être félicité pour ses efforts et son travail. Le compliment est une forme de récompense qui a tendance à agir comme un incitatif pour les enfants pour s’efforcer de lutter contre leur TOC.
Une bonne façon d’offrir un compliment, est une déclaration simple, claire et concise, telle que « Je suis très fière de tes efforts. Tu as bien travaillé à lutter contre le TOC » Ce genre de déclaration ne doit être fait cependant qu’une seule fois . Faire attention à ne pas répéter les éloges, car cela peut facilement devenir un excès d'assurance.
Des renforcements ou les récompenses peuvent également inciter les enfants à remettre en question certains de leurs comportements sous l’emprise du TOC. Vous pourriez, par exemple, décider que votre enfant peut obtenir des récompenses pour la réalisation d’un objectif convenu, comme de se laver les mains qu’une seule fois. Certaines récompenses à considérer:
- les orienter vers leur jeu favori,
- les laisser jouer à des jeux électroniques,
- laisser votre enfant choisir un film lors d’une soirée en famille,
- un billet pour aller au cinéma,
- laisser votre enfant choisir une activité en famille.
Être conscient de vos propres comportements de TOC
Si vous souffrez de TOC, ou de certains de ces symptômes sous une forme légère, vous savez déjà à quel point c’est difficile. Par conséquent, il est important de ne pas reproduire ou encourager des comportements de TOC ou de demander à votre enfant de participer à vos propres comportements de TOC.
Les enfants seront souvent en mesure de reconnaître les symptômes de TOC chez un parent et vont souvent l’accommoder pour maintenir la paix et éviter de gêner le parent en question et de « déclencher » un rituel. Par conséquent, il est essentiel d’être conscient de la façon dont vos propres comportements peuvent affecter votre enfant et de prendre soin de ne pas faire participer les enfants à l’un de vos rituels. Par exemple, demander à un enfant de s’assurer qu’il se lave les mains « particulièrement bien » ou de vérifier quelque chose inutilement un certain nombre de fois peut à la fois encourager les comportements de type TOC et faire participer l’enfant à vos rituels.
Si vous souffrez de TOC, demandez de l’aide pour vous-même et soyez honnête à ce sujet avec votre enfant. Une thérapie familiale peut aider l’enfant à comprendre qu’il peut refuser de prendre part à vos rituels et néanmoins se sentir en sécurité et toujours aimé.
Jouer un rôle dans le traitement de votre enfant
En tant que parent, il est essentiel que vous participiez au traitement de votre enfant contre le TOC. Vous n’avez pas besoin d’assister à une séance de traitement avec votre enfant, mais vous devez comprendre ce que votre enfant apprend et la façon de gérer les situations, entre les sessions.
Vous devez également apprendre quelles méthodes d’exposition avec prévention de la réponse (EPR) vous pouvez utiliser avec votre enfant à la maison pour l’aider à bénéficier du traitement et à mettre fin à vos propres comportements d’accommodement.